« Il y a des espaces qui n’ont aucune utilité, pourtant ils existent, ils sont là. »
C. Housset
Des rues et des bois, c’est le titre choisi par Célia Housset pour sa nouvelle exposition à l’atelier Imago à Strasbourg.
En ce début septembre, l’Atelier Imago accueille une nouvelle exposition d’estampes inscrite dans une atmosphère flottante. Célia Housset dévoile au public le fruit de son travail.
L’artiste a réalisé ses études aux Beaux-arts d’Épinal, et commence à se familiariser avec la gravure durant cette période. Après avoir validé son diplôme national d’art et technique, elle se lance dans l’illustration pour enfant et dans la bande dessinée. Avec de multiples cordes à son arc, elle utilise principalement la gouache dans ses créations. Elle travaille également à l’aquarelle, au monotype et au crayon. Ici, son objectif est de retranscrire un univers enfantin. Imprégné d’innocence et de curiosité, nous sommes alors invités à regarder le monde différemment.
Ce sont des lieux, des espaces qui sont représentés. L’artiste les rend vivants en leur donnant une essence propre. Cette exposition est une invitation à se perdre, pour inventer une histoire et un passé : une utilité à ces lieux délaissés. Ils apparaissent comme de véritables croisements inconnus. Nos repères spatiaux et temporels sont altérés, laissant place à l’imaginaire.
Célia Housset raconte : « Quand j’étais enfant, il y avait une friperie de campagne au kilo, les vêtements formaient des montagnes à même le sol. Un jour, j’ai vu un chat dormir au milieu des tissus. » C’est ce genre de scène que l’artiste a voulu nous raconter, attirant notre attention sur des éléments à la fois anodins et exceptionnels. Cette vision d’enfant, dont Célia se sent proche, se confond dans un univers nocturne. La totalité de l’exposition nous laisse découvrir des créations d’une grande finesse, un style qui se veut plutôt doux et détaillé. La nuit apparaît comme libératrice, et permet à l’humanité de lâcher prise.
La maison inondée L’arbre étendoir à linge Le pont sauvage
L’estampe à l’eau-forte : une technique mordante
La méthode de la gravure à l’eau-forte est une technique complexe. Dans cette exposition, Célia Housset travaille sur des plaques en zinc. Le dessin final est gravé sur cette plaque grâce à l’utilisation de vernis et d’un acide nitrique. Le rôle de l’acide est de « mordre » directement le médium, créant alors des tons plus ou moins sombres. Il s’agit de maîtriser un médium dit « organique », qui reste souvent imprévisible et difficile à dompter. Célia Housset explique que pour obtenir les teintes finales souhaitées, beaucoup d’essais doivent être réalisés en amont. Cependant, cet aspect imprévisible n’est pas seulement un point faible. Il peut également représenter une démarche artistique intéressante. Il ne s’agirait donc plus de maîtriser le support, mais bel et bien de collaborer avec ce dernier en acceptant les accidents et réactions incontrôlables du métal. Une approche dans laquelle pourrait potentiellement se lancer l’artiste.
« Le surréalisme est venu à moi. »
Il nous est impossible de passer à côté des références surréalistes qui sont très présentes. Comme en témoigne l’Arbre étendoir à linge, le parallèle avec les célèbres horloges de Salvador Dali est clairement visible. L’artiste a réussi à se saisir de ces codes si populaires, pour se les approprier pleinement. Célia Housset affirme avoir rejeté le surréalisme durant une longue période. Elle était surtout en désaccord total avec les ego surdimensionnés de quelques artistes, tel que Dali, Éluard ou encore Breton. Des Hommes qui portaient une vision étroite de la femme, vue comme simple objet de désir. Elle s’est réconcilié avec ce mouvement artistique grâce au travail de Leonora Carrington. Son art s’inscrit dans la profondeur, les jeux d’intimité et de mystère. Ils ont amené Célia Housset à se rapprocher du surréalisme. Ou plutôt, comme elle l’affirme : « C’est le surréalisme qui est venu à moi ».
Célia Housset nous invite à nous perdre, à prendre le temps de découvrir des espaces délaissés qui restent à combler par l’imaginaire. À travers des yeux d’enfant, elle nous enveloppe, avec douceur et force, dans ces endroits emprunts de magie et de symboles. En ces temps « post-confinements« , partez, sortez, mais surtout perdez-vous pour apprécier les inter-espaces secrets et oniriques.
Liens & Site internet de Célia Housset